Demeure dite Domaine de Lamourous |
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Le domaine couvrait une centaine d’hectares avec une ancienne maison noble située à côté de l’église du Pian (« Cette maison a sa façade au levant et n’a qu’un rez-de-chaussée et un seul étage ») et avec une petite « maison de berger », que l’on peut encore de nos jours visiter, abritée par un bois de chênes. La propriété possédait un important vignoble et elle resta dans l’indivision jusqu’en 1797 où Marie-Thérèse, fondatrice à Bordeaux de la Maison de la Miséricorde, reçut en héritage les vignes et les terres ainsi que la « maison de berger » qui devint son oratoire. Née le 1er novembre 1754 à Barsac, Mademoiselle Marie-Thérèse de LAMOUROUS est l’aînée de six enfants, de vieille souche bordelaise par son père et rattachée par sa mère à la plus distinguée noblesse. Un décret du 16 avril 1794 oblige les nobles à s’éloigner des places fortes et des villes maritimes. Ainsi refoulés, Marie-Thérèse et son père, Louis Marc Antoine Jean de LAMOUROUS (de famille parlementaire, écuyer, Seigneur de Labarde dans la juridiction de Barsac) se retirent dans la campagne du Pian Médoc, où jeune elle habita souvent. Elle y organise ainsi des réunions de prières en pleine forêt, éclaire les consciences et catéchise les gens. Fille spirituelle de l’Abbé Noël LACROIX, Marie-Thérèse de LAMOUROUS se distingua très vite par sa dévotion à Jésus Eucharistie, offerte à Dieu pour le retour à la paix et pour les pêcheurs. Comme le rappelle le Décret sur l’héroïcité de ses vertus (Rome, le 21 décembre 1989), « quand survient la révolution, la persécution sanglante qui suit le schisme causé par la constitution civile du clergé lui fournit maintes occasions d’affronter la mort. Elle se faisait ingénieuse pour assurer les sacrements aux mourants, pour prévenir les arrestations, pour pénétrer dans les prisons, pour transmettre des messages, réconforter ceux qui vont monter à l’échafaud » et en aidant également les prêtres réfractaires à exercer clandestinement leur ministère. Engagée dans la résistance catholique dès le début de la Révolution, elle passa à deux reprises devant la commission militaire et s’offrit en 1796 au Sacré Cœur de Jésus en qualité de victime de la révolution et pour le salut des âmes, ce suite à la décision prise le 18 mars 1793 par la Convention concernant la peine de mort pour les prêtres. Son biographe raconte que, sous la Terreur, "elle fut désignée comme suspecte et que deux agents furent délégués pour l’arrêter. Ils la trouvèrent chez elle mais « la voyant si gaie, si pieuse et si inoffensive » ils la laissèrent et dirent qu’ils ne l’avaient pas trouvée au Pian". Le "coup d’état" de Bonaparte du 9 novembre 1799 mit fin aux persécutions. La Révolution à peine achevée, Mademoiselle de LAMOUROUS, sur les conseils du Père CHAMINADE, fondateur des marianistes, son Directeur spirituel depuis 1784, se consacre au relèvement moral et à la réinsertion sociale des femmes que la misère avait contraintes à la prostitution pour survivre. Une amie de Mademoiselle de LAMOUROUS, Jeanne PICHON de LONGUEVILLE avait ouvert un "asile" à Bordeaux, aux femmes qui, poussées par le repentir, espéraient échapper au "sinistre milieu" et changer de vie. Elle demanda à Marie-Thérèse de LAMOUROUS de venir l’aider, elle qui avait jusqu’alors une telle horreur de ces femmes, qu’elle s’imposait de longs détours pour ne pas les rencontrer. Cependant, elle sut faire taire ses sentiments et accepta d’aller voir ces pauvres femmes. Dès qu’elle se trouva parmi elles, sa répugnance à leur égard disparut Au soir du 1er janvier 1801, après une ultime visite où elle leur dit « bonsoir, je reste », fut créée la Congrégation Religieuse « la Miséricorde ». Elle s’y enferma avec 15 "repenties" à qui elle témoigna désormais respect, estime et amitié. Les débuts de l’oeuvre furent difficiles, Marie-Thérèse de LAMOUROUS ne refusant aucune des personnes qui demandaient refuge. Elle posa un premier règlement de vie à base de vie de famille et de liberté. A sa mort en 1836, la Congrégation Religieuse comptait 190 « repenties » et 14 religieuses avec comme Supérieur, le Père CHAMINADE. Au fil des années l’accueil des prostituées s’élargit à celui des jeunes femmes en difficultés personnelles et familiales graves. En 1807, elle deviendra le symbole de la charité pour le peuple bordelais, occupant dans l’histoire religieuse de ce temps, une place importante. En 1836, Mademoiselle de LAMOUROUS s’éteignit. Elle sera enterrée dans l’église du Pian Médoc en 1972. Le Chamoine de MAIGNOL (curé du Pian de 1827 à 1854) hérita du domaine de Lamourous avant de devenir en 1867, la propriété de la Congrégation des Sœurs de la Miséricorde de Bordeaux. Aujourd’hui, les Sœurs de la Miséricorde sont unies aux Sœurs de Marie Joseph, dites Sœurs des prisons, Congrégation Religieuse fondée en 1841 par Mère Saint Augustin à Lyon. Sources : Archives Historiques du Département de la gironde, Tome XXX, n°CIII, 1895 Congrégation des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde http://www.smjm.org/article.php3?id_article=3 Congrégation des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde http://www.smjm.org/article.php3?id_article=11 GUILLON Edouard – « Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde » Tome 2, 1867 Père TARDIVY Guy – L’Aquitaine, N°4, 20 février 2004 http://www.catholique-bordeaux.cef.fr/aquitaine/04.pdf Mairie de Le Pian Médoc – « Le Pian Médoc et ses monuments » éd. Horizons chimériques, 1991
Lieu-dit : Miséricorde (la) Parties constituantes
: parc ; parties agricoles ; chapelle Source : http://www.patrimoine-de-france.org |